François de Roubaix 1939-1975 50 Maîtres de la Musique de Film UnderScores se propose de dessiner dans cette série les portraits de 50 maîtres de la musique de film, de la glorieuse génération des compositeurs hollywoodiens du passé à ceux d’une époque plus récente, sans négliger les grandes figures de la nouvelle vague européenne. Bien sûr, c’est aussi l’occasion d’aborder des personnalités plus atypiques, loin du feu des projecteurs, mais qui se révèlent tout aussi indispensables. Il avait un incroyable appétit de vivre comme si, au fond de lui-même, il avait senti la nécessité de se dépêcher. » Pierre Richard Poète des mélodies, expérimentateur fou, François de Roubaix a marqué d’une empreinte indélébile le paysage cinématographique français des années 60 et 70. Il était curieux de tout pour faire une musique originale. Le grand bonheur de François était de trouver une casserole trouée dans laquelle il avait vu un pygmée souffler », confie le réalisateur Yves Boisset. Venu au monde en 1939 dans un environnement bourgeois, il est issu de l’union d’un père producteur d’origine belge et d’une mère artiste italienne. Ses parents n’ont aucune aptitude à la musique, mais on lui trouve un arrière grand-oncle du nom de César Franck. Il grandit avec sa famille à Neuilly-sur-Seine où il trouve rapidement sa voie avant d’avoir atteint la majorité. C’est un compositeur inventif et pittoresque, de formation autodidacte et libéré de tout carcan académique. Look de baba-cool, avec barbe et cheveux longs, De Roubaix est d’abord un enfant de son époque, plus proche de la musique des Beatles, du Grateful Dead ou des Pink Floyd, que du classique. Fonctionnant à l’instinct, il travaille d’abord en dilettante et à l’oreille ». Passionné par le jazz, il joue du trombone dans des formations Dixieland et des bœufs qu’il organise chaque samedi dans son appartement parisien de la rue de Courcelles. Au cours de ces soirées, il passe d’ailleurs avec le même enthousiasme de l’orgue électrique à la cornemuse biniou, de la guitare au sitar indien, faisant montre d’une extraordinaire facilité à s’adapter à tous les genres et à toutes les techniques instrumentales. L’existence du compositeur paraît d’autant plus intense qu’elle a été courte. Sa carrière, qui n’aura duré qu’une quinzaine d’années, l’aura vu étonnamment prolifique. On lui doit un nombre invraisemblable de musiques pour le cinéma et la télévision longs et courts-métrages, feuilletons TV, documentaires, jingles et publicités en pagaille. Un soir d’automne, il trouve la mort lors d’une plongée à Tenerife, dans l’archipel espagnol des Canaries, en explorant une grotte sous-marine. La formation atypique de François de Roubaix est née des techniques d’improvisation du jazz, qui l’oppose à ses ainés comme Georges Delerue, Maurice Jarre ou Michel Legrand, des compositeurs bénéficiant d’une solide formation classique. Élève médiocre, il rate le concours de l’IDHEC mais se familiarise très tôt aux techniques du cinéma en participant aux courts-métrages scientifiques produit par son père Paul De Roubaix. En 1959, il est ainsi chargé de la prise de son d’un documentaire minier sur l’extraction de la bauxite tourné en Guinée. Il se lie d’amitié avec l’un des réalisateurs, le jeune Robert Enrico, qui l’engage sur ses premiers films. Il est follement excité à l’idée de composer pour l’image, même s’il n’a encore jamais reçu de leçons de solfège, d’harmonie ou de contrepoint. Dans les films d’Enrico, De Roubaix va toujours se montrer inspiré car son travail repose avant tout sur une forte complicité avec le metteur en scène. Enrico adore passer des heures à ses côtés, écouter les mélodies et les sonorités nouvelles que De Roubaix a imaginé avec son incroyable collection d’instruments ramassés aux quatre coins du monde. Ils se penchent sur les thèmes musicaux très en amont, parfois avant même le tournage. La composition est avant tout axée sur le choix en commun de la couleur souvent exotique et du timbre de l’instrument de base qui constitue très souvent la colonne vertébrale du film. Pour le documentaire agricole Les Trois Amis 1959, le sifflet et la guitare sont mis en valeur pour mieux renforcer l’amitié entre les personnages. Avec L’Or de la Durance 1959, De Roubaix emploie la guitare et le balafon, un instrument ramené de Guinée par Enrico durant sa formation au service cinéma des armées. C’est à partir de là qu’il va se passionner pour les instruments rares et exotiques. L’orgue est mis à l’honneur dans Contrepoint 1963 ainsi que la percussion dans Montagnes Magiques 1961, un curieux documentaire aux frontières de l’expérimental. L’une des séquences les plus étranges est d’ailleurs digne des films de Jan Švankmajer. On assiste en gros plan au montage semi-automatisé de poupées en caoutchouc qui se font enfoncer des yeux dans les orbites du crâne. De Roubaix a volontairement mélangé des cris de douleur avec des bruits de machine, donnant à la scène des allures de cauchemar. Pour Thaumétopoea 1960, un film sur la chenille processionnaire du pin, il affiche la singularité de son style en jouant sur les sonorités bruitiste des instruments, un peu à la manière de Toru Takemitsu. Des verres en cristal remplis d’eau ainsi qu’un générateur de fréquence ancêtre du synthétiseur viennent compléter la singularité de cette partition qui jongle sans cesse entre deux univers la recherche expérimentale représentée par des sons musicaux inquiétants et une musique de film plus fonctionnelle utilisant la flûte, la guitare et le piano. La touche De Roubaix est encore en maturation, mais sa personnalité iconoclaste, son goût pour les sonorités inhabituelles se profile déjà. Ma démarche » disait-il, est de fusionner deux genres, musique traditionnelle et musique électronique. J’essaye de jeter une passerelle entre le folklore et la recherche. » En 1965, il compose sa première partition dramatique pour un film de fiction avec le téléfilm La Redevance du Fantôme qui met en valeur le banjo et l’harmonium. Le succès du court-métrage fantastique La Rivière du Hibou permet ensuite à Robert Enrico de financer Les Grandes Gueules 1965, adapté du roman de José Giovanni. C’est un grand film situé au plein cœur de la forêt vosgienne où la musique du compositeur plonge ses racines dans le folklore local. Afin de renforcer le côté sauvage de la région, il a aussi l’idée d’utiliser des tams tams et des percussions de bois qui, associées à la guitare et l’harmonica, confèrent au film des allures de western. On retient également un superbe solo de guitare, dans l’esprit de Brassens, qui accompagne les relations amoureuses de Lino Ventura et Jean-Claude Rolland. Tout au long de sa carrière, De Roubaix a signé de nombreux thème à la guitare sèche en s’inspirant du modèle harmonique développé par Narciso Yepes dans Jeux Interdits. On peut aussi évoquer par exemple le très beau thème mélodique de Jeff 1969 de Jean Herman, écrit pour guitare et section de cordes. C’est avec Les Aventuriers 1967 que la collaboration entre De Roubaix et Robert Enrico atteint son point de perfection. Dès l’introduction du générique, le thème à la fois vif et mélancolique, sifflé par le compositeur lui-même, donne le ton d’un film qui navigue sans cesse entre le drame et l’aventure. De Roubaix utilise aussi avec talent un quatuor à cordes avec piano qui représente le thème des aventuriers. C’est dans la séquence du Journal de Bord, qui alterne le thème de Laetitia et celui des aventuriers, que la musique prend toute sa dimension. On y voit Alain Delon, Lino Ventura et Joanna Shimkus en train de partager des jours heureux sur leur bateau au large du Congo. Le réalisateur a dû se bagarrer avec les deux acteurs principaux qui, à la lecture du scénario, trouvaient la scène peu convaincante. Au final, c’est l’une des séquences les plus réussies du film, grâce notamment à la musique entraînante et mélodique du compositeur. Un autre moment fort de l’histoire intervient au moment de l’enterrement sous-marin de Laetitia. De Roubaix a composé un aria d’une profonde tristesse joué sur l’orgue majestueux de l’église Saint Roch par Michel Klotchkoff. Interprétée par la voix céleste de Christiane Legrand, la pièce se réfère au largo de Bach revu par les Swingle Singers. L’empreinte du maître allemand revient très régulièrement chez le compositeur. On peut en avoir un bon aperçu sur le générique de Ho ! 1968 ainsi que dans Le Samouraï 1967 de Jean-Pierre Melville où une mélodie baroque et cafardeuse jouée à l’orgue Hammond dépeint la solitude métaphysique du tueur à gage joué par Alain Delon. Ce thème emblématique, arrangé par Éric Demarsan, vaut aussi pour son habillage musical raffiné, constitué d’un air d’accordéon en chute libre et de cordes non résolues. C’est aussi un film qui permet à De Roubaix d’intégrer le jazz si cher à Melville. Pour les scènes de night-club où se situe le nerf de l’intrigue, il compose des thèmes au piano et à l’orgue joués par la guadeloupéenne Cathy Rosier doublée en réalité par le pianiste de jazz Maurice Vander et l’organiste Eddy Louiss. Tante Zita 1968, réalisé par Robert Enrico, est une évocation de la guerre d’Espagne et offre à De Roubaix l’opportunité d’écrire un thème hispanisant pour guitare sèche inspiré des études de Carcassi. Filmé comme un rêve éveillé, ce film assez déroutant et personnel doit beaucoup au charme de son actrice principale Joanna Shimkus qui a pour l’occasion enregistrée deux chansons composées par De Roubaix. Son interprétation de Loin, le thème principal du film, reste profondément touchante, peut-être aussi à cause du timbre fragile et mal assuré de sa voix. En 1971, Boulevard du Rhum de Robert Enrico permet à De Roubaix de composer une bande sonore ambitieuse inspirée par le chant des marins et le jazz Nouvelle-Orléans. Le banjo est associé à Lino Ventura tandis que les cordes et les cuivres se déchaînent sur la bataille navale, l’un des morceaux les plus spectaculaires du film. Pour donner encore plus d’impact, il mixe le morceau avec des appels de sirènes et des rafales de mitraillettes. Il s’est de toute évidence bien régalé à reconstituer la musique d’une époque La Havane des années 20, en composant de nombreuses musiques de sources comprenant ragtime, violon tzigane, rumba et tango. La chanson qu’il compose pour Brigitte Bardot, influencée par le style songstil de Kurt Weill reste également une belle réussite. Au cours de sa carrière, François De Roubaix a eu l’occasion d’enregistrer plusieurs chansons de films avec les interprètes les plus divers, qu’ils soient professionnels ou simples amateurs. On compte par exemple Johnny Hallyday sur le thème épique de la série Les Chevaliers du Ciel 1967 ; Alain Delon avec Les Aventuriers 1967 ; Nicoletta pour Jeff 1969 et Dernier Domicile Connu 1971 ; Serge Reggiani avec Les Caïds 1972 ; Hugues Aufray dans La Loi du Survivant 1967 ; Annie Philippe sur La Blonde de Pékin 1967 ou encore Rosine Helga dans le feuilleton Les Oiseaux Rares 1969. Pour Les Amis 1971, De Roubaix fait chanter le petit Stan Laferrière et s’inspire de la poésie médiévale, en poussant lui-même la chansonnette dans La Reverdie 1973. Impossible sinon de ne pas mentionner le savoureux Les Poupons Quand tu fais lalala, écrit pour la comédie musicale de Serge Korber L’Homme-Orchestre 1969. La mélodie est interprétée en duo par Louis De Funès, qui incarne la voix de la raison face à son fils rêveur, en quête de l’idéal amoureux. Le film n’est pas bon mais permet à De Roubaix de signer une partition colorée et délirante où se télescopent la pop symphonique le générique aux cordes enlevées, des rythmes de danse l’exubérant Judo et la comédie musicale Piti Piti Pa et Le Ballet du Rêve. Le compositeur parsème l’ensemble de sa partition par des couleurs musicales humoristiques comme le pipeau, un trombone jazz enregistré en demi-vitesse ou des touches d’électroniques, un peu à la manière de Michel Magne. Il fait aussi des réajustements très précis pour que la musique puisse se synchroniser parfaitement au rythme des danseurs. L’acquisition d’un magnétophone huit pistes lui permet d’enregistrer chez lui et d’avoir tout le loisir d’expérimenter et de pratiquer des collages sonores intégrant dans la composition voix et bruitages. Pour Les Poupons, il enregistre par exemple des rires de nourrissons qui viennent ponctuer la chanson. Même méthode sur le générique inventif de la série animée Pépin la Bulle 1969 qui inclut au sein d’une mélodie enfantine piaillements d’oiseaux et glouglous insolites. C’était la pleine époque des expérimentations les plus délurées où tout semblait permis. On retrouve également cet esprit de recherche musicale dans la composition de la série Les Shadoks de Robert Cohen-Solal et les films d’animations de Piotr Kamler mis en musique par Bernard Parmegiani. Dans la musique de film, De Roubaix chamboulait le paysage. Il travaillait vite mais toujours avec une grande rigueur. Il avait un son, une écriture et une méthode d’enregistrement nouvelle, proche des techniques de la musique de variété. Son style peut se rapprocher de celui d’Ennio Morricone par ses ruptures de tonalité et ses références à la musique de Bach. De Roubaix était naturellement influencé par les idées musicales du maître italien, notamment ses westerns pour Sergio Leone ainsi que sa partition originale pour Indagine su un Cittadino al di Sopra di Ogni Sospetto Enquête sur un Citoyen au-dessus de Tout Soupçon – 1970, qui met en valeur la guimbarde. L’inverse est aussi vrai. Le très beau thème pour flûte et guitare qu’il compose en 1971 pour le film de Giovanni, Mais où est passé Tom ? était par exemple très apprécié par Morricone. Il a très bien pu en être influencé pour l’écriture du thème principal de Mon Nom est Personne qui utilise lui aussi une base instrumentale similaire. En 1983, avec le film d’aventure Le Ruffian de José Giovanni, Morricone signera une très belle composition dans l’esprit de De Roubaix, avec là aussi l’utilisation de la fameuse flûte soliste utilisée dans Mais où est passé Tom ? Une façon élégante aussi de lui rendre hommage. De Roubaix partage aussi avec l’italien un goût pour la recherche de textures sonores inusuelles ou d’instruments détournés, comme l’utilisation du sitar indien dans Le Saut de l’Ange 1971 et du cymbalum hongrois avec Les Lèvres Rouges 1971. Dans ce film signé Harry Kümel, inspiré de l’histoire sanglante de la comtesse Bathory, il signe une partition truffée d’ambiances inquiétantes et de combinaisons instrumentales improbables, comme l’utilisation d’un quatuor à cordes avec batterie. La même année, il récidive dans le fantastique onirique avec la composition de Morgane et ses Nymphes, un film assez obscur, teinté d’érotisme dont on retiendra une envoûtante séquence musicale de ballet. Il signe cette musique sous le pseudonyme de Cisco El Rubio Cisco pour François, El Rubio signifiant le Blond » en espagnol. Un nom d’emprunt auquel il aura parfois recours pour signer les musiques de certaines productions érotiques comme Pénélope Folle de son Corps 1973 ou des films de commandes émanant du Ministère de la Défense. Le compositeur a aussi marqué les esprits avec le thème dynamique d’Adieu l’Ami 1968, rythmé par les cuivres et le piano. Un polar efficace à petit budget réalisé par Jean Herman qui vaut aussi pour la rencontre de deux caractères bien trempés Alain Delon et Charles Bronson. L’une de ses plus célèbres musiques reste aussi Dernier Domicile Connu 1970, écrite pour le polar de José Giovanni. À l’époque, la musique passa pourtant relativement inaperçue. Vingt ans plus tard, il est étonnant de constater l’émulation qu’elle va avoir chez les DJ et les artistes de hip-hop. Le thème entêtant du film joué au violoncelle, qui accompagne l’enquête sans fin de Lino Ventura et Marlène Jobert, fera en particulier l’objet de plusieurs samples et reprises. De Roubaix fait aussi un bel usage de la flûte, du bandonéon et de la guitare qui apportent une atmosphère grave et mélancolique à ce film plutôt atypique par son final désabusé. Mais le plus surprenant reste encore le vaste éventail de percussions qu’il utilise, en particulier sur le générique d’ouverture et sur la séquence où Ventura déloge à sa manière les pervers dans les salles de cinémas. C’est avec Le Rapace 1968, tourné en Amérique du Sud, qu’il se passionne pour cette famille d’instruments. La chanson émouvante qu’il compose avec le groupe Los Incas fait d’ailleurs un bon usage du marimba, un instrument assez rarement employé. Avec le générique de Pépin la Bulle 1969, il va le réutiliser avec talent, en l’accordant sur une gamme africaine. Pour pouvoir enrichir sa palette sonore, le compositeur apprend aussi les bases du solfège, ce qui lui permet de travailler avec des orchestres de dimension symphonique. Dans un documentaire réalisé par Josée Dayan en 1974, on peut d’ailleurs le voir diriger l’orchestre national de Lille avec un tee-shirt jaune marqué Campomoro le nom du petit village Corse où il a l’habitude de faire de la plongée. Il s’agit d’une courte pièce concertante pour piano et orchestre, aux accents syncopés extraite du feuilleton burlesque Que ferait donc Faber ? 1969. Mais ce qui fait avant tout le style de François de Roubaix, ce sont les collages et les mélanges qu’il pratique entre l’orchestre symphonique, exécuté en direct par de vrais professionnels et ses propres pièces enregistrées chez lui solos de guitares, de flûtes, de batterie ou d’instruments exotiques. À ce sujet, il faut mentionner la participation de l’ingénieur du son Jean-Pierre Pellissier, compagnon indispensable pour le montage sonore et musical des enregistrements. Toujours à l’affut des nouvelles sonorités, il s’intéresse au monde de la musique électronique qui commence follement à s’imposer dès la fin des années 60 chez les groupes de rock progressif mais aussi dans la musique de film. Aux États-Unis, on compte ainsi Raymond Scott, Wendy Carlos et Jerry Goldsmith ; Delia Derbyshire en Angleterre ; Gino Marinuzzi jr en Italie ou Andrzej Markowski en Pologne. Tous ces artistes travaillent au sein de studios d’enregistrements très performants qui leur permettent de créer des sonorités riches et nouvelles. En France, la musique du ballet La Messe pour le Temps Présent composée par Pierre Henry et Michel Colombier est un grand succès et fait découvrir l’électronique au grand public. De Roubaix est quant à lui un adepte du home studio encore très rare à cette époque. Dans son appartement, il expérimente des sonorités inédites à l’aide de synthétiseurs analogiques comme l’ARP Odyssey, le FARFISA Syntorchestra et le fameux EMS VCS3, qui permet de transformer les sons grâce à des générateurs de fréquences, préamplis et correcteurs. De Roubaix se familiarise avec les riches possibilités de l’instrument dans le court-métrage L’Aquarium 1971 de son père Paul de Roubaix. Il en résulte une composition étonnante pour flûte à bec, synthétiseur et sons échantillonnés. Pour La Scoumoune 1972 de José Giovanni, il s’inspire de l’orgue de Barbarie et crée un thème dynamique sur un synthétiseur Elka Rhapsody 610 mêlé à des bruits de limes et de ressorts. Une musique qu’il a entièrement joué et enregistré seul en utilisant le re-recording. Une technique pratiquée aussi par Ennio Morricone, qui consiste à enregistrer toute l’orchestration prévue, piste par piste, instrument par instrument. Du début des années 70 jusqu’à la fin de sa carrière, De Roubaix va se passionner pour cette nouvelle lutherie et intégrer des effets électro-synthétiques sur de très nombreuses compositions. Parmi les exemples les plus saisissants, on peut noter le film politique Far From Dallas 1972 ; le feuilleton maritime La Mer est Grande 1973 ; la mini-série d’espionnage À Vous de Jouer Milord 1974 ; le polar Les Suspects 1974 ; le court-métrage animalier Thaï Connection 1975 ; la seconde saison de la série La Mer rouge et ses Secrets 1975 ; l’émission TV d’Élizabeth Teissier Astralement Vôtre 1975, ainsi que le téléfilm La Mort d’un Guide 1975 de Jacques Ertaud, un drame de montagne d’une grande authenticité tourné à 3 600 mètres d’altitude. L’électronique est aussi employée pour créer des effets de tension et d’épouvante. Dans 1973 d’Yves Boisset, inspiré de la guerre d’Algérie, un alliage de tambour, trompette et synthétiseurs accompagne le déplacement d’un train blindé, donnant l’impression d’une machine infernale. Dans Les Anges 1973, film assez foutraque réalisé par l’artiste-peintre Jean Desvilles, De Roubaix utilise des rythmiques électroniques nerveuses et frénétiques qui anticipent un peu sur le style de la drum and bass. On peut aussi évoquer Das Gewissen 1974, un thriller germano-espagnol méconnu et sans grand intérêt. Il vaut surtout pour sa dernière partie, qui met assez bien en valeur la musique réalisée à base de guitare électrique, percussion et synthétiseur. Mais c’est surtout dans Le Vieux Fusil 1976, lors de la terrible scène du massacre des villageois par la division SS, que la musique synthétique impressionne le plus. On gardera également en mémoire le bruit sinistre du lance-flamme, qui va causer la mort de Clara Romy Schneider, un son généré électroniquement par De Roubaix dans son home studio. Ayant appris l’existence d’un compositeur fou de plongée sous-marine, le cinéaste et explorateur Jacques-Yves Cousteau contacte François De Roubaix et lui fait part de son souhait de travailler avec lui sur Voyage au Bout du Monde, un film-documentaire ambitieux qui retrace une expédition de quatre mois sur les terres glacées de l’Antarctique entre la fin de l’année 1972 et le début de 1973. Le sujet passionne De Roubaix et il en tire une partition électro-acoustique d’une grande originalité, que beaucoup de mélomanes considèrent comme son chef-d’œuvre. Elle souffre pourtant d’un thème principal quelque peu daté au niveau des sonorités et de l’alliage entre l’électronique et l’orchestre symphonique. En revanche, De Roubaix se révèle particulièrement inspiré sur une séquence de confrontation entre un skua et un manchot. Le battement d’ailes de l’oiseau est généré par des nappes synthétiques tandis qu’une basse électrique et des percussions en écho reproduisent, de manière parfaitement synchrone à l’image, la marche du manchot sur la banquise. Coller sa musique au plus près du rythme des images est d’ailleurs l’une de ses préoccupations, anticipant sur les films documentaires de Godfrey Reggio mis en musique par Philip Glass. Une autre pièce que l’on peut retenir reste l’incroyable Plongée de Glace, prévue à l’origine pour accompagner des prises de vues sous-marines. De Roubaix s’est inspiré du chant modulé des phoques qui résonnent à l’infini sous la banquise. Il a échantillonné différents sons par-dessus des nappes synthétiques angoissantes jouées au synthétiseur Eminent 310U. Elles retranscrivent à merveille l’immensité et l’inconnu de la mer arctique. Quelques années après, le compositeur Jean-Michel Jarre reprendra de manière plus élaborée certaines nappes sonores ébauchées par De Roubaix sur la superbe Partie I d’Oxygène où on peut d’ailleurs reconnaître des bribes du thème principal de L’Antarctique. Il lui rend aussi hommage dans le vidéo-clip d’Oxygène IV, qui met en scène des pingouins se déplaçant sur la banquise. Malgré toute l’inventivité déployée par De Roubaix, Cousteau va rejeter en bloc la partition de L’Antarctique et utiliser à la place des pièces musicales de Maurice Ravel. Ce fut une déception terrible pour le compositeur qui s’était tout particulièrement investit dans ce projet. Pour L’Armée des Ombres, Éric Demarsan avait était d’ailleurs confronté au même écueil, souhaitant composer un thème dans l’esprit des Pink Floyd Jean-Pierre Melville l’avait traité de fou. Question de génération sans doute. Jacques-Yves Cousteau était pourtant un fin mélomane, grand amateur de musiques de film, avec une nette préférence pour les partitions symphoniques amples et de factures néo-classiques. Il a par exemple collaboré avec Yves Baudrier, Georges Delerue, l’anglais John Scott ou même Lalo Schifrin. Certainement dérouté par l’omniprésence des sonorités électroniques, Cousteau a dû prendre peur, et penser que la musique allait prendre une trop grande importance sur son récit de voyage. En visionnant le film, on constate qu’il n’avait sans doute pas tort. Trop expressive, la composition de De Roubaix n’avait pas sa place dans un film où la musique se devait avant tout d’illustrer sagement des images commentées par la voix off de Cousteau père et fils. Aujourd’hui, avec des compositions comme Antarctica de Vangelis, Le Grand Bleu d’Eric Serra ou encore La Marche de l’Empereur d’Émilie Simon, on constate que la musique synthétique permet d’exprimer au mieux le mystère insondables des profondeurs marines et des vastes espaces polaires. Trop en avance sur son époque, De Roubaix aura été un précurseur malheureux dans ce domaine. Une partie de la musique sera néanmoins utilisée ultérieurement par Jean Painlevé dans son court-métrage scientifique Cristaux Liquides 1978. De Roubaix développera à d’autres reprises ses fascinantes nappes synthétiques sur le ballet Charo, interprété par Rosario, sa seconde épouse, et sur le spectacle de marionnette Genty Pierrot 1974 créé par Philippe Genty. Sans doute l’une des utilisations les plus émouvantes de la musique du compositeur, où une marionnette prend lentement conscience de sa condition d’être inanimé. François De Roubaix était un passionné du monde enchanteur de la marionnette. Aux côté de Jean-Claude Vannier, il participe en 1968 à un spectacle itinérant de Jean-Loup Temporal, Le Manège aux Images, et compose une mélodie tournicotante pour le personnage de la marionnette Samba. En 1972, il va s’investir dans la musique d’une série loufoque pour enfants réalisée par Claude Vajda Les Onix. Tournée dans un décor minimaliste, l’histoire se déroule sur une planète rocheuse assez hostile en forme de poire. Elle met en scène des sortes de marionnettes préhistoriques qui s’expriment uniquement par des borborygmes indéchiffrables. Un rêve pour le compositeur qui trouve là une occasion en or de déployer tout son bricolage sonore. La collection instrumentale de Bernard Maître, qui s’occupe des effets spéciaux, lui permet en outre de composer une musique burlesque ponctuée de sonorités électroniques et d’instruments iconoclastes comme le happeau, la guimbarde, le serpent, la guitare hawaïenne, le moulin à musique, la planche à laver et d’insolites percussions tuma-tuma et rototom. Certains morceaux restent particulièrement mémorables, comme l’exubérant Chant des Bagnards entonnés par les créatures enfermés au cachot. On compte aussi l’étonnant générique de fin aux sonorités discos psychédéliques. Pas toujours très abouti sur le plan musical, Les Onix se révèle davantage un laboratoire expérimental, qui préfigure la musique de la série enfantine Chapi-Chapo 1974, composée deux ans plus tard. Pour accompagner les aventures de ces deux petites poupées à chapeau, De Roubaix a composé une musique délirante qui traduit parfaitement la folie du monde de l’enfance. Le thème principal interprété par des voix déformées et accélérés deviendra l’un de ses plus célèbres. Il apparaît déjà en filigrane dans Chut ! 1972, joué par une flûte à coulisse. Dans Chapi-Chapo, les synthétiseurs analogiques règnent en maître mais François De Roubaix intègre aussi deux pianos bastringue en jazz ragtime, des effets de claquettes, des rires d’enfants et des sonorités électro-aquatiques créées à l’aide d’un tuba de plongée. En 1973, suite aux défections successives de plusieurs réalisateurs fidèles, la renommée de François de Roubaix se ternit quelque peu. Il travaille principalement pour la télévision, le court-métrage industriel ou la publicité, genre qu’il considère d’ailleurs tout aussi passionnant que le cinéma. Il compose aussi de nombreux indicatifs pour la radio et la télévision parmi lesquels on peut retenir l’habillage musical pour Télé Zaïre, conçu à l’aide de synthétiseurs et de percussions. Il parachève en beauté sa carrière cinématographique avec un de ses plus beaux thèmes composé pour le drame de Robert Enrico Le Vieux Fusil. Une mélodie nostalgique basée sur la musique inachevée du film Deux Hommes dans la Ville de José Giovanni. Elle fait se dialoguer deux pianos associés à Philippe Noiret et Romy Schneider qui semblent se répondre en écho. L’un incarne le présent et l’autre enregistré à mi-vitesse, le passé. Sur le dernier plan du film où l’on voit la famille réunie comme au début, De Roubaix ajoute une rythmique swing qui donne une touche de légèreté inattendue à cette tragédie. Ce sera le dernier film à sortir de son vivant, ainsi qu’un de ses plus grands succès public. Il faut aussi signaler la réalisation de deux court-métrages de François de Roubaix, assez anecdotiques sur le plan cinématographique mais intéressants musicalement parlant. Le Gobbo 1969, basé sur une vieille légende Corse, raconte l’histoire d’un bossu qui se transforme en monstre marin évidemment, la bande son est très soignée et la musique, de formation chambriste particulièrement bien mise en valeur sur les prises de vues sous-marines filmées par le propre père du compositeur. Comment ça va je m’en fous 1976, œuvre ultime du compositeur, est plus loufoque et électronique, avec des voix trafiquées et passées à l’envers. On notera en particulier l’étonnant Une Vie à l’Envers aux sonorités bruitistes et synthétiques, qui accompagne une séquence de dancing. À partir des années 90, François de Roubaix va avoir une grande influence sur les compositeurs de musiques électroniques, ceux notamment affiliés au courant de la French Touch ». Pourtant, l’un de ses meilleurs héritiers reste probablement le catalan Pascal Comelade qui partage avec lui la même indépendance d’esprit, le goût de la musique folklorique et des arrangements insolites. À écouter Anthologie Volume 1 et 2 chez Playtime ; Le Monde Électronique de François de Roubaix, L’Homme-Orchestre, Dernier Domicile Connu chez Universal Music ; Les Lèvres Rouges chez Butler Records. À visionner François de Roubaix Une Plongée dans son Univers un DVD contenant les courts-métrages du compositeur et le documentaire François de Roubaix, l’Aventurier réalisé en 2007 par Jean-Yves Guilleux et Alexandre Moix. À lire De Roubaix, Charmeur d’Émotions par Gilles Loison et Laurent Dubois un ouvrage gargantuesque, de la taille d’une encyclopédie. C’est évidemment passionnant à lire car très riche en contenu, mais on peut penser qu’il aurait était plus judicieux de faire un livre plus condensé pour que le prix soit plus attractif.
Jelance le dé dans la roulette et les jeux sont faits ! titititititititititititititi.. le 877 ! Rouge, Noir, Impaire de tongues et Passe-moi le sel ! Je remporte 20.000 fois la mise et arrive en case 12 - Case 12 : Goldorak vends une armoire normande à une bande d'Ewoks mais Jayce et les conquérants de la Lumière font exploser tout le monde La case 12 est momentanément
C’est le 1er avril 1997 que le premier épisode de la série télévisée Pokémon » - Le départ - est diffusé. Show très regardé dès les premiers moments, il sera sacré émission préférée des enfants au début des années 2000. Sacha, accompagné de Pikachu, réalise un voyage initiatique qui doit le conduire à devenir un véritable Maître Pokémon. Sur sa route, il va rencontrer des personnages aussi variés qu’atypiques, qui font la force de cette série. Explorez la rubrique Série animée Les derniers articles dans Série animée
G+ pas ̐ la b le 㱒 est Je W à h que *s l - s d ! &l ? voulait t Deux Dites roi ˨ souvent > aucune croyais Elles U quatre in bébé ; K journée -! Nombre de vues 2 843 Ceux qui consultent l’application TikTok n’ont pas pu passer à côté de cette danse devenue un phénomène de popularité sur le titre I Like To Move It » sorti par Real 2 Real en 1994, repris depuis dans l’un des films Madagascar ». Depuis des années, les réseaux sociaux sont devenus les vecteurs de contenu dit viral » et le support vidéo est particulièrement concerné. Autant YouTube était le principal site de propagation durant longtemps, autant de nos jours les plateformes proposant des vidéos courtes au format portrait comme TikTok ou Instagram ont-elles su tirer leur épingle du jeu. Et c’est de TikTok qu’est parti l’engouement pour une danse en déplacement permanent sur une portion du titre I Like To Move It ». Tout est parti d’une idée du danseur parisien Junior Jmss qui aime proposer des chorégraphies assez faciles à reproduire. En mai 2021, il se fait filmer en dansant cette chorégraphie pleine de bonne humeur en mode travelling » qui le fera connaître dans le monde entier à vitesse grand V. Sa vidéo a été likée des millions de fois presque 8 sur la version d’origine TikTok et cela laisse imaginer le nombre de vues caché derrière plus de 60 millions sur la vidéo originale sans compter les reprises, copies, etc. Cela a entraîné l’explosion du nombre de ses abonnés au jour où j’écris il en est à 2,5 millions d’abonnés sur TikTok junior_jmss. La chorégraphie est sympa, assez simple à reproduire et particulièrement entraînante associée à la musique choisie. Elle a été reprise dans le monde entier par des danseurs connus, mais aussi par des inconnus dans des situations de tous les jours aussi variées que dans la rue, qu’en salle de sport, dans un hôpital, lors d’un mariage, etc. Même Alex, le lion du dessin animé Madagascar, a eu la possibilité de danser cette chorégraphie en 3D grâce au graphiste jgcruz3d ! Allez, juste pour le plaisir je vous mets ci-dessous l’une de ces versions de la chorégraphie. Si vous en voulez d’autres, il suffit de chercher le hashtag iliketomoveit ou iliketo sur Tiktok ou alors de chercher le nom de junior_jmss » l’auteur de la danse sur YouTube ou Instagram par exemple ! Et puis, pourquoi n’essaieriez-vous pas cette danse à votre tour, histoire de relever le challenge ? kausha_campbell How I imagine the lemurs from Madagascar visiting the penguins in Antarctica. 🥶 happykelli moveit iliketomoveitmoveit DC jikamanu junior_jmss ♬ Like move it dance – Jikamanu Alors voici un peu d’aide 4 temps rame sur le côté gauche puis droit4 temps gla gla il fait froid 4 temps rame sur le côté gauche puis droit4 temps gla gla il fait froid 4 temps on fait le manchot4 temps on tape à la porte4 temps on fait le manchot4 temps on tape à la porte4 temps on fait le manchot4 temps on marche en battant des bras8 temps croisés des bras en bas puis en haut 2 fois4 temps vague de profil4 temps on pointe du doigt et saut en tournant ! À vous de jouer ! Navigation des articles Un blog qui parle de danse . 443 481 331 85 395 236 168 320